Au-delà de la rancune
Le pardon semble souvent se confondre avec une forme de faiblesse, un abandon de soi, presque une reddition silencieuse. Comme si tendre la main, c’était offrir à l’autre quelque chose qu’elle ne mérite plus.
Mais non.
Pardonner, ce n’est pas accorder une faveur, ce n’est pas effacer la douleur ni légitimer ce qui m’a brisé. Pardonner, c’est avant tout s’alléger. C’est retirer doucement cette épine que je m’obstine à garder plantée dans le cœur, celle qui rappelle, qui ravive, qui ronge. C’est dire à l’autre, sans bruit : je ne consacrerai plus mon énergie à te détester. Je choisis de me souvenir de ce qui fut beau, de ces fragments de lumière qui m’ont permis, un temps, de t’aimer. Je les garderai, non pour m’y attacher, mais pour les laisser s’éteindre avec tendresse. Pardonner, ce n’est pas nier, c’est libérer. C’est refuser de laisser la rancune faire son nid. Ce n’est pas accepter l’injustice, mais abandonner la guerre intérieure. C’est faire le choix de ne plus nourrir les ombres. Ce n’est pas tourner la page, c’est apprendre à la regarder autrement. La page restera ouverte, mais elle ne recevra plus d’encre.